Mais dans quelle langue parlent-elles ? 2023

Dès mon jeune âge, j’ai inconsciemment compris que la vie aimait jouer avec moi. Elle a toujours aimé ça, et elle continuera toujours à le faire. Avec un peu de maturité, j’ai également compris qu’elle continuerait à le faire.
Un jour, un ami m’a dit que nous traversons des périodes difficiles non pas pour acquérir plus de confort dans le futur, mais plutôt pour mieux nous préparer aux prochains défis et luttes. Après chaque difficulté, je me dis : ‘C’est bien, j’ai acquis de nouvelles compétences pour les batailles à venir, plus de force pour les prochains jeux de la vie.’ À chaque fois, je surviens, mais je ressors épuisée et fatiguée.
En me regardant dans le miroir, je me demande parfois, simplement pour réfléchir sur ma vie ou donner un sens à tout ce chaos : est-ce que l’essentiel est de vivre ou de survivre ?
Vivre ou survivre, ce n’a pas toujours été un choix ! Pour être honnête, ça n’a jamais été un choix ! L’égoïsme de l’être humain, qui se considère comme le centre du monde, l’a convaincu que c’est lui qui choisit. Mais choisissons-nous vraiment ?
Choisissons-nous réellement ce que nous allons porter le matin ? Peut-être un pantalon ou une jupe ? Mais cela dépend de la météo, s’il fait chaud ou froid. Nous pourrions porter une robe légère en hiver, mais cela se traduirait par un rhume bien mérité en signe de rébellion contre l’hiver…
Tu sais ce qui rend ce jeu amusant peut-être ? C’est précisément cette rébellion contre les règles du jeu de la vie. Assumer que nous sommes en jeu et essayer de jouer avec ses règles, d’agir de manière inhabituelle pour surprendre la vie et se surprendre soi-même !
Une fois, une commissaire d’exposition m’a dit : ‘Tes œuvres sont très personnelles, tu ne peux pas vendre ce genre de travail, il faut que le collectionneur puisse s’identifier à ton travail.’ Une autre fois, quelqu’un m’a dit : ‘Écoute, les artistes avec des principes ne vont pas loin.’
Vendre son travail ou aller loin ? Je ne me suis jamais posée cette question, je ne me suis jamais demandée pourquoi je prenais des photos, pourquoi j’étais si attachée à ce qui est personnel ? C’est peut-être ainsi que j’ai choisi de jouer avec la vie. C’est peut-être ainsi que je sur/vis !
De plus, je suis toujours comme elles, je crois que le personnel est politique. Et comme elles, je crois que si l’on ne s’identifie pas à une histoire personnelle, si l’on ne construit pas notre propre discours personnel, on ne peut pas s’identifier à une histoire collective, nos paroles n’auront pas leur place dans le discours collectif. Car pour ajouter sa voix aux voix du groupe, il faut d’abord avoir sa propre voix. Pour celles qui n’ont pas de voix, il faut en avoir une.

2023,

Aya,